Mirlande Manigat, le silence d’une conscience nationale

Le retrait discret de Mirlande Hyppolite Manigat de la scène publique laisse un vide symbolique dans la vie intellectuelle et politique haïtienne.

En un temps où les voix sages se font rares, son absence pèse d’autant plus lourd que la nation s’enfonce dans une crise institutionnelle sans boussole.

Constitutionnaliste rigoureuse, femme d’État mesurée, Mirlande Manigat incarnait cette exigence de raison et de principe qui fait aujourd’hui cruellement défaut aux dirigeants du pays.

En présidant le Haut Conseil de la Transition (HCT), elle avait tenté, malgré les vents contraires, de redonner sens à la légalité et à la continuité républicaine. Mais le naufrage du HCT, miné par les intérêts divergents et l’absence de volonté politique, a fini par éteindre cette tentative.

Selon les informations obtenues par notre rédaction, Mirlande Manigat résiderait désormais à Lomé, au Togo, sur le continent africain. Une question demeure : qui assure désormais le leadership du RDNP, le parti qu’elle a longtemps incarné ?

Aujourd’hui, le silence de Manigat semble une forme d’élégance. Dans un pays saturé de vacarme et de cynisme, il rappelle que la dignité peut être une résistance. Peut-être, dans ce silence, Haïti trouvera-t-elle encore la leçon d’une femme qui, toute sa vie, aura placé la République au-dessus du tumulte.

F.L.