Les gangs et les fractures sociales
- Amitié FM

- 16 avr.
- 2 min de lecture

Il faut engager un débat plus profond sur les inégalités structurelles qui nourrissent les gangs. Les réduire à de simples symptômes de violence revient à ignorer leur rôle complexe dans des sociétés marquées par l’exclusion et le désengagement de l’État.
Depuis les travaux pionniers de Frederic Thrasher au début du XXe siècle, les recherches en sociologie montrent que les gangs n’émergent presque jamais dans un vide social.
Au contraire, ils se développent là où les institutions faillissent : quartiers abandonnés, chômage endémique, écoles surpeuplées et services publics délabrés.
Loin d’être des acteurs isolés du chaos, ils s’inscrivent souvent dans des logiques de survie, voire de résistance à un ordre social perçu comme injuste.
La vision simpliste des gangs occulte les dynamiques sociales qui poussent des jeunes à les rejoindre : absence de perspectives, recherche de protection ou même quête d’une forme de reconnaissance dans des espaces où l’État et le marché n’offrent que mépris ou indifférence.
Certains gangs, aussi violents soient-ils, fonctionnent comme des institutions parallèles, comblant les carences des pouvoirs publics.
Ce phénomène révèle des problèmes plus larges : ségrégation spatiale, manque d’investissements dans l’éducation et l’emploi, ou encore discriminations systémiques.
Les solutions durables passent nécessairement par des politiques de réinsertion, de prévention et, surtout, par une remise en question des structures qui produisent ces marginalisations.
Tant que les gangs serviront de repoussoir commode pour éviter de s’attaquer aux racines de la pauvreté et de l’exclusion, le cycle de la violence ne fera que se perpétuer.
Il est temps de regarder au-delà du fantasme du « gang criminel » pour comprendre ce que ces organisations révèlent de nos sociétés – et de leurs échecs.

F.L.





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