Le ridicule de Fritz Alphonse Jean : la Présidence salue les voeux du Président par le Président lui-même

Le tweet émanant de Fritz Alphonse Jean est un exercice de communication surréaliste.

Alors que le pays sombre chaque jour un peu plus dans le chaos, l'insécurité et la désolation humanitaire, au nom de la présidence, Fritz Jean "salue le message du Chargé d’Affaires des États-Unis ainsi que les vœux adressés par le Président haïtien à l’occasion de la fête nationale des États-Unis". On croit rêver.

Premier degré de l'absurde : Qui est donc ce "Président haïtien" dont les vœux sont salués... par la présidence elle-même ?

Le Conseil Présidentiel de Transition (CPT), dont Fritz Jean est le coordonnateur, est un organe transitoire. L'auto-congratulation de la présidence pour les vœux... de son propre “président”, présentés comme ceux d'un "Président" pleinement constitué, frise le grotesque.

Deuxième degré de l'amertume : Cette déclaration solennelle "réaffirm[ant] son attachement aux liens d’amitié, de solidarité et de coopération" sonne comme une cruelle ironie face à la réalité haïtienne.

Quelle "amitié" et quelle "solidarité" concrètes le peuple haïtien perçoit-il alors qu'il lutte quotidiennement pour sa survie face aux gangs qui règnent en maîtres ? Quelle "coopération" efficace se matérialise pour lutter contre l'insécurité paralysante, l'effondrement économique ou la crise humanitaire aiguë ?

Le poids du ridicule qui n'écrase pas

Cette mise en scène diplomatique, ce jeu de rôles où une entité transitoire se comporte comme un gouvernement légitime échangeant des vœux protocolaires, est profondément ridicule.

Mais ce ridicule est tragique. Il symbolise l'énorme déconnexion avec la réalité de la souffrance indicible d'une population abandonnée à son sort.

Plutôt que de saluer des vœux dans le vide, la "présidence" gagnerait à écouter le cri étouffé du peuple haïtien.

Un cri qui demande bien plus que des formules diplomatiques creuses. Il exige des actes concrets et une solidarité qui se traduise enfin par la paix et la dignité retrouvées.

Le ridicule de ce tweet ne tue pas, c'est vrai. Mais l'indifférence et le déni face à l'effondrement d'une nation, eux, tuent chaque jour un peu plus Haïti.

Fritz Laventure