Jean-Bertrand Aristide rompt avec Leslie Voltaire

L’ancien président Jean-Bertrand Aristide a rompu tout lien avec Leslie Voltaire, figure du mouvement Lavalas.

Cette séparation, à la fois inattendue et révélatrice, trouverait son origine dans une raison morale : M. Voltaire aurait confié à ses proches qu’il était désormais temps pour lui de « voler » afin d’assurer la sécurité financière de sa famille.

Cet aveu, d’un cynisme désarmant, a provoqué l’indignation dans les cercles proches d’Aristide. Pour beaucoup, il symbolise la faillite morale d’une partie de la classe politique haïtienne, autrefois portée par des idéaux de justice sociale et d’intégrité.

Longtemps présenté comme un acteur engagé, Leslie Voltaire aurait ainsi tenté de justifier la corruption comme une forme de compensation pour ses années de « dévouement » au mouvement Lavalas.

Ce glissement éthique marque une rupture symbolique avec l’esprit de lutte qui animait autrefois la base du mouvement. En choisissant la voie de l’enrichissement personnel, Voltaire renie l’héritage de ceux qui voyaient en Lavalas un instrument d’émancipation populaire.

Pour Aristide, qui demeure une figure tutélaire du courant, cette rupture vise à préserver ce qu’il reste de la morale lavalassienne. Mais elle révèle aussi le désenchantement d’une génération d’hommes politiques qui, après avoir promis le changement, finissent par céder aux mêmes tentations qu’ils dénonçaient hier.

Fritz Laventure