Indifférence coupable face à la terreur en Haïti : le BINUH a publié un rapport accablant

Selon un récent rapport du BINUH, près de 300 personnes ont été massacrées à Kenscoff par des gangs criminels, tandis que plus de 3 000 habitants, terrorisés, ont dû abandonner leurs foyers.

À Mirebalais, dans le département du Centre, la situation n’est guère meilleure : la commune est désormais un « territoire perdu », livré à la barbarie de bandes armées qui tuent, pillent et sèment la terreur en toute impunité, sans que les autorités ne daignent intervenir.

Pourtant, face à cette tragédie nationale, le silence du Conseil présidentiel de transition (CPT) est assourdissant. Aucune déclaration, aucune mesure d’urgence, aucune marque de solidarité envers les victimes.

En revanche, ce même CPT a trouvé les mots pour exprimer ses « plus sincères condoléances » à la République dominicaine après le drame survenu sur son territoire le week-end dernier.

Ce contraste est révélateur. Comment expliquer une telle indifférence face à la souffrance du peuple haïtien, alors que la compassion semble si prompte à s’exprimer dès qu’il s’agit du voisin dominicain ?

Cette attitude ne fait que nourrir les légitimes suspicions d’une partie de la population, qui voit dans l’inaction – voire la complicité – des autorités la preuve d’allégeances troubles.

Les rumeurs selon lesquelles certains membres du CPT agiraient comme des relais des services de renseignement dominicains ne sont plus de simples spéculations, mais une hypothèse que plus personne ne peut ignorer.

La priorité des dirigeants haïtiens devrait être la protection de leurs concitoyens.

Si le CPT reste sourd aux cris de détresse de la population, s’il continue à mépriser son devoir élémentaire de sécurité et de justice, alors il perdra définitivement ce qui lui reste de légitimité.

Il est temps que les autorités assument leurs responsabilités, qu’elles rompent ce silence complice et qu’elles agissent pour mettre fin à l’hémorragie. Le peuple haïtien mérite mieux que l’abandon et l’humiliation. Il mérite des dirigeants qui, au moins, auront le courage de le regarder en face.

Fritz Laventure