Haïti qualifiée, d’autres binationaux sortent du bois

La qualification historique d’Haïti à la Coupe du monde 2026 aurait pu n’être qu’une immense bouffée d’espoir sportif. Mais elle révèle, presque malgré elle, un phénomène bien moins noble : l’éveil soudain de certains binationaux, hier indifférents au maillot bleu et rouge, aujourd’hui prêts à jurer fidélité aux Grenadiers. Opportunisme, quand tu nous tiens…

Le cas haïtien n’est pas isolé. La RDC, ressuscitée sur la scène internationale, voit affluer des talents formés en Europe qui découvrent tardivement des “racines sportives” longtemps négligées. L’Écosse, elle aussi, observe le même ballet : des joueurs anglais devenus écossais par miracle, à la faveur d’un règlement, d’un grand tournoi ou d’une carrière qui patine.

Soyons clairs : la binationalité n’est pas une faute. Le football moderne est mondialisé, les identités multiples, les trajectoires complexes. Beaucoup de joueurs choisissent un pays par conviction profonde, par héritage, par attachement familial — et l’honorent avec dignité.

Mais la question qui fâche demeure : pourquoi certains ne se souviennent-ils de leurs origines que lorsque le succès devient une vitrine ? Où étaient-ils lorsque la sélection haïtienne jouait dans l’indifférence, dans la tourmente et sans projecteurs ?

Haïti n’a pas besoin de mercenaires du drapeau, mais de bâtisseurs. Ceux qui viennent lorsque c’est difficile, pas seulement lorsque c’est profitable. Si la qualification réveille des talents sincères, tant mieux. Si elle n’attire que des passagers de fortune, alors la fédération devra garder la tête froide.

Parce que le football n’est pas seulement une opportunité de carrière. C’est un engagement. Un héritage. Une fidélité.

Et cette fidélité ne se découvre pas à la dernière minute : elle se prouve.

Fritz Laventure