Campagne d’alphabétisation, une mascarade haïtienne

Une nouvelle campagne d’alphabétisation est lancée en Haïti. Encore une. Depuis 1949 et les exhortations de l’ONU, le scénario se répète, imperturbablement. Un lancement solennel, des promesses, puis… rien. Ou presque.

Cette permanence de l’échec n’est pas une malchance, mais un symptôme.

L’analphabétisme est un pilier d’un système économique archaïque, basé sur la rente et une main-d’œuvre peu qualifiée. À quoi bon instruire un peuple dont la seule destinée semble être de produire pour une élite ou de s’exiler ?

Ces campagnes ne sont que des arbres qui cachent la forêt de l’abandon de l’école publique. Elles distribuent des contrats, entretiennent des clientélismes et donnent bonne conscience, mais elles évitent soigneusement la racine du mal.

La vraie question n’est plus comment alphabétiser, mais pourquoi le faire dans un système qui n’a que faire de citoyens éclairés.

Sans une révolution de la volonté politique et une priorité absolue à une éducation publique gratuite et de qualité pour tous les enfants, ces mises en scène ne seront qu’une cruelle et éternelle mascarade.

Fritz Laventure