
Comme annoncé, le Premier ministre Ariel Henry est intervenu, ce vendredi 22 septembre 2023, à la tribune des Nations-unies dans le cadre des débats généraux relatifs au déroulement de la 78e assemblée générale de l'organisation. Pendant plus de dix minutes, le chef du gouvernement a exposé à l'attention de l'assemblée, la situation générale d'Haïti marquée profondément par une crise multiforme qui handicape toutes les couches de la vie nationale.
"C’est une crise structurelle et multidimensionnelle qui a impacté nos institutions et qui empêche le développement économique et le progrès social. Elle a atteint aujourd’hui sa phase critique avec la dégradation de la situation sécuritaire, où la population subit quotidiennement les attaques violentes des gangs armés qui contrôlent plusieurs quartiers de la capitale et de certaines villes de province. Ils assassinent, incendient, pillent, volent, violent avec une rare cruauté. Ils chassent les habitants de leurs maisons, bloquent les routes et contraignent les écoles, les hôpitaux et les commerces à fermer leurs portes", a fait savoir le Premier ministre.
Dans cet ordre d'idée, le neurochirurgie a expliqué, à la tribune des Nations-unies, que sa présence est pour demander aux pays amis de comprendre qu’il y a quelque chose d’urgent à faire au profit du peuple haïtien : la nécessité d'aider son gouvernement à créer un meilleur avenir pour les enfants d’Haïti, en rétablissant la sécurité et la stabilité.
Sécurité: Ariel Henry réitère son appel à l'aide internationale
Au cours de son intervention, le Premier ministre, sans langue de bois, s'est montré dépasser par la situation gravissime qui prévaut en Haïti actuellement. En cause, la crise sécuritaire généralisée, résultat de l'expansion des gangs armés au niveau des départements de l'ouest et de l'Artibonite. Une situation qui impacte le fonctionnement des écoles, traumatise les enfants et décapitalise des familles entières.
"La détérioration de la situation sécuritaire, ces dernières semaines, a engendré une nouvelle crise humanitaire avec des déplacés qui occupent de façon spontanée plusieurs sites pour échapper à la violence des gangs. Plus de 25 écoles de la capitale sont investies par les déplacés internes, estimés à plus de 16.500. Ils font face à de graves difficultés et vivent dans des conditions infrahumaines. La menace sanitaire est aussi présente, avec des cas de choléra signalés dans certains sites. Ce qui augmente le risque de transmission et pose un vrai problème de santé publique pour la population", a justifié Dr. Ariel Henry.
Pour pallier ce problème, Ariel Henry a réitéré sa demande en ce qui a trait au déploiement en Haïti d'une force multinationale constituée de contingents militaires et policiers pour encadrer la Police Nationale d’Haïti (PNH) pour qu’elle puisse répondre réellement aux nouveaux défis qui s’imposent à elle et à sa mission de protéger les vies et les biens et de servir. Il en a profité pour remercier les pays tels que le Kenya qui s'est porté volontaire pour diriger cette mission.
Revendication du droit souverain d'Haïti d'utiliser les ressources de la rivière Massacre
Le Premier ministre a aussi profité de son instant d'intervention à la tribune de l'ONU pour aborder un sujet crucial qui mobilise l'énergie et l'attention de toute la nation haïtienne: la construction du premier canal haïtien autour de la rivière Massacre. Officiellement, Ariel Henry s'est positionné aux côtés de son peuple en revendiquant le droit légitime que dispose Haïti d'utiliser, comme le fait la République Dominicaine, les ressources hydriques provenant de cette rivière. Aussi, a-t-il précisé l'intention d'Haïti de ne pas entrer en confrontation avec la République Dominicaine son voisin.
"Le peuple haïtien choisit la voie du dialogue et de la négociation pour régler pacifiquement le différend, dans le respect des instruments juridiques internationaux déjà signés de bonne foi entre les deux Etats, en 1929 et 2021", a-t-il poursuivi.
Le Premier Ministre Ariel Henry parle à la conscience des protagonistes haïtiens
Résoudre la crise sécuritaire, parvenir à organiser des élections démocratiques, constituent les premières priorités du gouvernement actuel. Le Premier ministre l'a dit haut et fort aux Nations-unies. Ces problèmes, a-t-il souligné, ne pourront pas être résolus sans la volonté manifeste et l'implication totale, de tous les acteurs haïtiens. Le dialogue, reste l'élément clef pour sortir le pays du bourbier dans lequel il patauge depuis trop longtemps, à en croire le patron de la Primature.
"Le gouvernement entend continuer à discuter avec tous les acteurs politiques et de la société civile de mon pays, afin de trouver ensemble, dans un élan patriotique, un consensus historique suffisant, pour un dénouement heureux à la crise. La démocratie est en difficulté et le pays a besoin d’un retour à la normale pour s’attaquer aux grands défis de l’heure. Je souhaite également la participation significative des femmes et des jeunes, de la société civile et de tous les acteurs concernés à l’effort commun pour le redressement d’Haïti. Seul un gouvernement légitime issu d’élections libres honnêtes, démocratiques et transparentes pourrait s’atteler à la tâche de la refondation territoriale, économique, sociale et Institutionnelle", a-t-il ajouté.

PLR
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