Ce vendredi 3 janvier 2025, un avion militaire américain a atterri à l’aéroport international Toussaint Louverture de Port-au-Prince, transportant 75 soldats guatémaltèques et 8 militaires salvadoriens. Ce déploiement s’inscrit dans le cadre de la Mission Multinationale de soutien à la Sécurité (MMSS) en Haïti, dirigée par le Kenya, et vise à renforcer la lutte contre les gangs armés qui terrorisent la population haïtienne depuis plusieurs mois .
Les soldats salvadoriens, spécialisés dans les évacuations médicales, ont pour mission de préparer l’arrivée d’autres contingents dans les prochains jours. Selon Lionel Lazarre, porte-parole adjoint de la Police Nationale d’Haïti (PNH), un autre vol est prévu le 4 janvier, marquant ainsi une nouvelle étape dans le renforcement des forces internationales sur le terrain .
Cette initiative s’inscrit dans un contexte où la violence des gangs atteint des niveaux alarmants. En 2024, plus de 5 000 personnes ont été tuées dans des affrontements liés aux gangs, et près de 85 % de la capitale, Port-au-Prince, est sous leur contrôle. Les déplacements massifs de population et l’insécurité alimentaire aiguë exacerbent une crise humanitaire déjà critique.
La MMSS dont le mandat est prolongé jusqu’en octobre 2025 par le Conseil de sécurité de l’ONU, vise à stabiliser le pays et à créer les conditions nécessaires pour des élections libres et régulières. Cependant, malgré l’arrivée des premiers contingents kenyans en juin 2024, la situation sécuritaire reste préoccupante. Seuls 400 policiers sur les 2 500 prévus ont été déployés à ce jour, et les ressources financières et logistiques restent insuffisantes .
L’engagement du Guatemala et du Salvador reflète une coopération régionale accrue pour soutenir Haïti. Le Salvador, reconnu pour ses succès dans la lutte contre les gangs, apporte son expertise en matière d’évacuations médicales, tandis que le Guatemala contribue avec des soldats supplémentaires. Ces efforts s’ajoutent à ceux du Kenya, de la Jamaïque et d’autres pays comme le Bénin et le Tchad, qui ont promis d’envoyer des renforts.
Malgré ces avancées, les défis restent immenses. La transformation de la MMSS en une mission de maintien de la paix de l’ONU, proposée par certains membres du Conseil de sécurité, divise encore les grandes puissances. La Chine et la Russie s’opposent à cette idée, tandis que les États-Unis et d’autres pays soutiennent une intervention plus robuste. En attendant, la population haïtienne continue de subir les conséquences d’une crise multidimensionnelle, où sécurité, gouvernance et développement sont étroitement liés .
PLR
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