La Colombie plongée dans le chaos : état d’urgence décrété après des violences qui ont fait plus de 100 morts
- Jeff Rinvilien
- 21 janv.
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Le président colombien Gustavo Petro a décrété lundi l’état d’urgence face à une vague de violences sans précédent qui secoue le pays. En moins d’une semaine, les affrontements entre groupes armés ont fait plus de 100 morts et contraint 20 000 personnes à fuir leurs foyers. Cette mesure exceptionnelle permet au gouvernement de mobiliser des ressources financières, de restreindre les déplacements et de prendre des décisions urgentes pour tenter de rétablir l’ordre.
Les régions les plus touchées sont la frontière avec le Venezuela, le sud amazonien et le nord de la Colombie. Dans la zone du Catatumbo, au nord-est, une offensive sanglante menée par l’Armée de libération nationale (ELN) contre des dissidents des anciennes FARC et des civils a fait au moins 80 morts. Cette région, connue pour ses vastes plantations de coca, est un épicentre du conflit armé qui dure depuis six décennies et a déjà fait plus de 9,5 millions de victimes. Les violences ont poussé des milliers de personnes à se réfugier au Venezuela, où Caracas a mis en place une opération spéciale pour les accueillir.
Dans le sud du pays, les combats entre factions rivales des dissidents des FARC ont également fait au moins 20 morts dans le département de Guaviare. Ces groupes, qui ont refusé l’accord de paix de 2016, s’affrontent pour le contrôle des territoires et des routes du narcotrafic. Par ailleurs, dans le nord, des heurts entre l’ELN et le cartel du Clan del Golfo ont causé neuf autres décès. Malgré cette escalade, l’armée colombienne n’a pas encore été directement engagée dans les combats, se concentrant sur l’aide humanitaire et l’évacuation des populations menacées.
Les conséquences humanitaires sont dramatiques. Les morgues du département de Norte de Santander, où se trouve le Catatumbo, sont saturées à 250 %. Plus de 230 personnes, dont des enfants, ont été évacuées par hélicoptère, et près de 20’000 déplacés ont trouvé refuge dans des abris improvisés, sous la protection des militaires. Le gouvernement a déployé 5’000 soldats dans la région, mais une « deuxième phase » d’intervention est prévue pour repousser les insurgés et sécuriser les zones critiques.
Cette crise met à mal la politique de paix du président Petro, premier chef d’État de gauche en Colombie et ancien guérillero. Depuis son arrivée au pouvoir en 2022, il a prôné le dialogue avec les groupes armés, mais les négociations avec l’ELN, les narcotrafiquants et les paramilitaires n’ont pas abouti. Vendredi, Petro a suspendu les pourparlers avec l’ELN, accusant le groupe de commettre des « crimes de guerre ». Sur le réseau social X, il a comparé l’ELN à Pablo Escobar, affirmant que le groupe avait « choisi le chemin de la guerre ».
La situation pourrait également avoir des répercussions politiques. La démission du ministre des Affaires étrangères, Luis Gilberto Murillo, et l’ampleur de la crise pourraient contraindre Petro à annuler sa visite prévue à Jacmel en janvier 2025. Alors que la Colombie traverse l’une des pires crises de son histoire récente, le gouvernement doit faire face à un défi colossal : rétablir la sécurité tout en poursuivant ses efforts pour une paix durable.

PLR
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