L’instabilité haïtienne menace toute la région

Haïti vit l’un des effondrements les plus dramatiques de son histoire contemporaine. À Port-au-Prince, près de 90 % du territoire est aujourd’hui sous le contrôle des gangs armés, plongeant la capitale dans une spirale de violence et de désespoir. Plus de 1,3 million de personnes ont été contraintes d’abandonner leurs foyers, tandis que les viols et enlèvements se multiplient, utilisés comme armes de terreur et de domination.

Pourtant, malgré l’ampleur de la catastrophe, la réponse internationale reste d’une faiblesse désolante. À ce jour, à peine 10 % des besoins humanitaires identifiés ont été financés. Cette indifférence collective constitue une faute morale autant qu’une erreur stratégique : l’instabilité haïtienne déborde déjà ses frontières. Les trafics d’armes, la contrebande et les flux migratoires incontrôlés gagnent toute la Caraïbe et menacent l’équilibre sécuritaire du continent.

Chaque jour d’inaction alimente le chaos et éloigne la perspective d’un redressement durable. Un sursaut mondial s’impose — non pas sous forme d’interventions improvisées, mais à travers une stratégie coordonnée : aide humanitaire massive, appui sécuritaire ciblé et pression diplomatique ferme pour couper les sources de financement des gangs.

La communauté internationale doit reconnaître que la survie du peuple haïtien et la stabilité régionale sont indissociables. Refuser d’agir aujourd’hui, c’est accepter que la violence et le désespoir deviennent la norme aux portes de l’Amérique.

Fritz Laventure