
En ce début d’année 2025, le paysage politique béninois s’anime à l’approche de l’élection présidentielle prévue pour mi-2026. Parmi les figures qui se positionnent pour succéder au président Patrice Talon, arrivé au terme de son second mandat, le militant panafricaniste Kemi Seba a officiellement annoncé sa candidature ce dimanche 5 janvier. Connu pour ses prises de position radicales contre le néocolonialisme et son engagement en faveur de la souveraineté africaine, Seba entend incarner une alternative politique forte pour le Bénin.
Dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux, Kemi Seba a détaillé les deux options qui pourraient lui permettre de briguer la magistrature suprême. La première repose sur le soutien du parti « Les Démocrates », dirigé par l’ancien président Boni Yayi, seul parti d’opposition disposant des parrainages nécessaires pour accéder aux élections. Le code électoral béninois exige en effet que les candidats obtiennent au moins 20 % des signatures des maires et députés du pays. La deuxième option, plus ambitieuse, vise à constituer une large coalition pour réformer le code électoral, afin de permettre à un plus grand nombre de candidats de se présenter.
Kemi Seba, de son vrai nom Stellio Gilles Robert Capo Chichi, est une figure controversée du panafricanisme. Né en France de parents béninois, il a été déchu de sa nationalité française en 2024 après des années de militantisme anti-néocolonial. Fondateur de l’ONG Urgences Panafricanistes, il s’est fait connaître pour son opposition virulente au franc CFA et à l’influence française en Afrique. Ses actions, comme le brûlage symbolique d’un billet de 5 000 francs CFA en 2017, ont marqué les esprits et renforcé son aura auprès d’une jeunesse africaine avide de rupture avec l’héritage colonial.
Son parcours est cependant semé de controverses. Ancien membre de la Nation of Islam, il a fondé des mouvements comme la Tribu Ka, dissoute en France pour incitation à la haine raciale. Accusé d’antisémitisme et de liens avec des réseaux pro-russes, Seba a souvent été critiqué pour ses alliances avec des groupes extrémistes. Malgré cela, il reste une voix influente dans le débat sur la souveraineté africaine, notamment après son arrestation en France en octobre 2024 pour « intelligence avec une puissance étrangère », une affaire qui a renforcé son image de résistant face aux pressions occidentales.
Avec sa candidature, Kemi Seba entend incarner une rupture radicale avec les politiques actuelles. Il promet de défendre une Afrique libérée des influences étrangères et de promouvoir une véritable indépendance économique et politique. Si son discours trouve un écho auprès d’une partie de la population, notamment les jeunes, son parcours tumultueux et ses positions polarisantes pourraient également susciter des résistances. L’élection de 2026 s’annonce donc comme un moment clé pour le Bénin, où les enjeux de souveraineté et de réforme politique seront au cœur des débats.

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