
Justin Trudeau, Premier ministre canadien depuis près de dix ans, a annoncé le lundi 6 janvier 2025 son intention de démissionner. Il a précisé qu’il resterait en poste jusqu’à ce que son parti, le Parti libéral, désigne un successeur. Cette décision intervient à quelques mois des élections législatives prévues d’ici la fin octobre, dans un contexte où son parti est en net recul dans les sondages, accusant un retard de plus de 20 points face au chef conservateur Pierre Poilievre.
Trudeau, âgé de 53 ans, a justifié sa décision en affirmant que le Canada méritait un « véritable choix » lors des prochaines élections. « Si je dois mener des batailles internes, je ne peux pas être Premier ministre », a-t-il déclaré, visiblement ému, lors d’une conférence de presse à Ottawa. Il a également annoncé la suspension du Parlement jusqu’au 24 mars, laissant ainsi à son parti le temps d’organiser une transition.
Le départ de Trudeau survient dans un contexte politique tendu. Son gouvernement, déjà minoritaire au Parlement, est fragilisé par le retrait de son allié de gauche et par les divisions internes au sein du Parti libéral. La démission surprise de la vice-Première ministre Chrystia Freeland, en désaccord avec Trudeau sur la gestion des relations économiques avec les États-Unis, a exacerbé les tensions. Ces défis s’ajoutent à une crise économique marquée par une inflation élevée, une crise du logement et des services publics défaillants.
Les relations avec les États-Unis, premier partenaire commercial du Canada, constituent un autre défi majeur. Les déclarations de Donald Trump, qui a menacé d’imposer des droits de douane de 25 % sur les exportations canadiennes dès son retour au pouvoir en janvier, ont provoqué une onde de choc. Près de deux millions d’emplois canadiens dépendent des échanges commerciaux avec les États-Unis, ce qui rend la situation particulièrement critique.
En coulisses, plusieurs figures du Parti libéral se positionnent déjà pour succéder à Trudeau. Parmi elles, Mark Carney, ancien gouverneur de la Banque du Canada et conseiller économique du parti, ainsi que l’ex-vice-Première ministre Chrystia Freeland, multiplient les démarches pour évaluer leurs soutiens. Cependant, les experts estiment que les libéraux font face à une « cause perdue », avec peu de chances de remporter les prochaines élections face aux conservateurs.
Justin Trudeau, fils de l’ancien Premier ministre charismatique Pierre Elliott Trudeau, laisse derrière lui un héritage marqué par des réformes progressistes, telles que la légalisation du cannabis, l’instauration d’une taxe carbone et la modernisation de l’accord de libre-échange nord-américain (ALÉNA). Malgré ces avancées, son départ sonne comme la fin d’une ère politique mouvementée, laissant le Canada à un carrefour incertain alors que les défis économiques et diplomatiques s’accumulent.

PLR
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