GENÈVE, 18 avril 2024 - Un appel pressant a été lancé envers la France pour qu'elle rembourse des milliards de dollars à Haïti, correspondant à une dette que les personnes autrefois mises en esclavage ont dû acquitter pour obtenir la reconnaissance de l'indépendance de l'île. Cette demande émane d'une coalition de groupes de la société civile qui a initié un nouveau mouvement pour réclamer des réparations.
En 1804, l'État insulaire des Caraïbes est devenu le premier de la région à conquérir son indépendance suite à une révolte d'esclaves. Toutefois, une série de réparations sévères imposées par la France pour compenser les revenus perdus, et dont la dernière tranche a été versée en 1947, est perçue par de nombreux Haïtiens comme la source de deux siècles de troubles.
Actuellement réunis à Genève pour le Forum permanent des Nations Unies sur les personnes d'ascendance africaine (PFPAD), environ 20 organisations non gouvernementales plaident pour la création d'une commission indépendante chargée de superviser la restitution de cette dette, qu'ils qualifient de rançon.
Selon eux, cette somme devrait être investie dans des travaux publics en Haïti, où un conseil de transition a été mis en place ce mois-ci dans le but de rétablir la sécurité après une période de violence dévastatrice orchestrée par des groupes armés.
Monique Clesca, une activiste de la société civile haïtienne qui coordonne ces efforts, a déclaré à Reuters : "Ce qui est important, c'est qu'il est temps que la France reconnaisse ceci et que nous avancions."
Le ministère français des Affaires étrangères n'a pas immédiatement répondu à une demande de commentaire.
Bien que le montant exact payé à la France soit sujet à controverse parmi les historiens, le New York Times estime la perte d'Haïti à 21 milliards de dollars. Les partisans de la proposition estiment que le montant réel est bien plus élevé.
"Nous parlons d'un montant bien plus élevé que 21 milliards de dollars, plus 200 ans d'intérêts que la France a pu générer, donc plutôt autour de 150 à 200 milliards de dollars ou plus," a indiqué Jemima Pierre, professeure à l'Université de la Colombie-Britannique.
Clesca espère que cette recommandation, parmi d'autres, fera partie des conclusions du forum de l'ONU prévues pour ce vendredi. L'année dernière, le PFPAD avait suggéré qu'un tribunal soit formé pour traiter des réparations liées à l'esclavage.
Fritz Laventure
Radio Amitié 104.7 FM
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