Les États-Unis ont suspendu immédiatement leur contribution financière à la mission multinationale d’appui à la sécurité (MMAS) en Haïti, selon une annonce faite par un porte-parole de l’ONU mardi. Cette décision découle du gel général de l’aide internationale américaine décrété par Donald Trump dès son retour à la Maison Blanche le 20 janvier. L’administration américaine, qui avait déjà versé 15 millions de dollars dans le fonds onusien destiné à soutenir cette mission, a désormais bloqué l’accès aux 13,3 millions restants, alors qu’1,7 million avait déjà été dépensé.
Lancée en octobre 2023 avec l’aval du Conseil de sécurité de l’ONU, la MMAS, sous direction kenyane, vise à aider la police haïtienne à contrer la montée en puissance des gangs, qui contrôlent aujourd’hui 85 % de la capitale selon l’ONU. Cependant, cette mission est confrontée à de sérieuses difficultés financières. Malgré l’existence d’un fonds volontaire mis en place par l’ONU, seulement 110 millions de dollars ont été collectés, un montant jugé largement insuffisant. Avec 63 millions de dollars engagés, le Canada reste le principal contributeur, loin devant les États-Unis, désormais en retrait.
Le déploiement des forces sur le terrain s’avère également limité : à peine 800 policiers de six pays ont été envoyés en Haïti depuis l’été dernier, bien en deçà des 2 500 initialement prévus. Pendant ce temps, les gangs armés poursuivent leurs attaques sans relâche, mettant en péril la stabilité du pays et l’efficacité de la mission. Face à cette impasse, les autorités de transition haïtiennes plaident pour une transformation de la MMAS en une véritable force de maintien de la paix sous mandat onusien, ce qui pourrait permettre un financement plus structuré et une présence militaire plus conséquente.
Cette suspension américaine intervient dans un contexte où Washington réévalue l’ensemble de son aide internationale, notamment pour éliminer les financements liés à des programmes jugés contraires à sa nouvelle ligne politique. Si cette position se maintient, la mission multinationale pourrait se retrouver encore plus affaiblie, rendant l’intervention contre les gangs plus incertaine que jamais.
PLR
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